La
page
blanche

La revue n° 57 e-poésies

e-poésies

L’aveugle

C’était un peu comme au bon vieux temps

La maison   la lavande   les champs

Enfin presque

 

Au printemps la rocaille était mauve

Qui essayait de fleurir

C’est comme une maison silencieuse

À laquelle il manque quelques tuiles

 

Au bord   une cheminée

Droite et inquiète

 

C’était une maison en forme d’icône

Une sorte de cage à ange

Qui peut rêver mieux pour élever un enfant

Pour l’élever   tout en haut

Là où il n’y a plus personne

 

Il y avait des sœurs   oui   il y avait des voisins

Et même une mère   là-bas   au loin   au loin

 

Et puis vous oubliez

Tout

Vous oubliez

La cage   la rocaille   le silence   l’ange

 

Et le temps ne passe plus

 

Les jours tout va bien tout est noir

Mais les nuits

Les nuits la lumière

Vous devenez comme un aveugle

Un aveugle rempli d’étoiles

Incapable de voir le jour

Incapable de ne pas voir la nuit

Alors vous peignez   vous écrivez   c’est ce que font tous les aveugles

Mais vous le faites les yeux fermés   sans regarder   pour être sûr

Sans regarder   pour être sûr

 

La maison   la lavande   les champs

Samuel Christen