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blanche

La revue n° 62 poètes de service

poètes de service

Jules Colère

Né en Belgique en 1996, Jules Colère est très tôt épris par la musique et la poésie et développe un amour pour le jeu ; pour sa beauté et pour ses mouvements, qu’ils soient psychiques ou physiques. Cette passion du jeu est nourrie par la création artistique et approfondie par la recherche scientifique.
Diplômé en Conception de mécaniques de jeu à Montréal en 2019, il mène actuellement un Master en Neuropsychologie et Développement Cognitif à Bruxelles et travaille en tant que Game Designer en France.

Echos & Narcissismes
Partie Première - EXTRAITS

 

Au Mont Bacchus

Au Mont Bacchus on soulève la vie et on la gonfle d’air impossible. On réinvente le vin, on y fait jouir chaque grincement d’amour. Au rythme imposé des ficelles qui sautent sur le ventre de l’insouciance, c’est la fracture qui tremble, fait son retour et libère pourriture de satin.

Qu’aurais-je pu faire sinon sauter ?
Accepter délices, mœurs et jeunesse ?

J’ai seulement espéré que les montagnes se disputaient la vallée.

 

 

Drame du garçon de campagne

Brutes rouges aux caresses, il était vain de penser qu’il puisse frémir des restes inondés. Comme son père, il n’a jamais réussi à se retrouver seul, dans le fond des couleurs. Il admirait les hommes aux mains violentes. Il a détruit son entente, sa raison et sa force.

C’était pour leur ressembler.

Puis un jour il a donné naissance. Alors les hommes ont pensé de lui la Lune, secouant son bastion, reculant un peu plus. Par évidence, il est mort, en pointillé.

 

 

La tresse familiale.

Aucun être de la lignée n’y échappa.

Tous furent conduits à traverser cette aube maligne, berçant chaque passage, chaque espace occupé par le courage de nos cœurs. Tous se pensèrent bientôt déchargés d’Elle, écumant plaisirs fraternels. Les jeux colorés de leurs souvenirs et racines n’étaient plus assez lumineux pour laisser la vérité se suspendre. Tous, sous une culpabilité légère, étaient soutenus par la main des suivants, épaulés en corps.

Le premier s’agenouilla, tous s’agenouillèrent.
Ensemble ils chantaient les milliers de tuiles d’un bouclier réfléchissant toute la honte du ciel.

 

 

Presque retenu

Le vase me juge, il me sert pourtant… C’est l’énorme foudre qui s’organise, en vain. Après la foudre, je trouverai le mérite de froncer son anse. Puis je l’amènerai entre deux moulins, face aux trois martyrs. Je rendrai à Ganymède sa beauté. Silence, je trouverai. En retour de l’ornière, je me remplacerai. Voilà une journée d’août bien chargée.

 

 

15h

Lâche descente des sentiments
Violente journée de plaisir
Ma maison se vexe, puis mon flanc s’en échappe

Mes paroles courbes cherchent à délivrer quelques chansons, pourtant ma poussière médite en soupirant.

J’efface et je mâche
Pour lester mon émotion,
Bientôt envolée.

 

 

Matin du vendredi

Longeant les murs de cette ancienne cage
J’y accrois mon mouvement
                          j’y souffle vraiment
Ma paume se fond avec la couverture et je glisse dans l’heure

Alors mon corps s’étire comme pour se déchirer.
C’est souvent l’art appartenant au calme, qui pousse à désirer l’évanoui, cette enclave nouvelle.