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blanche

La revue n° 52 Bureau de traduction

Bureau de traduction

Rambam Was Here

The house remains lonely and sighs

On the dark street of Fez Medina

Pools of ancient music evaporate

The door slightly opens into a Chinese restaurant

Empty, two Moroccan workers side by side

A plaque outside, translated by our guide

“Here lived the scholar of medieval times

Maimonides in exile from Cordoba

Rambam--Moses ben Maimon

Transcribed Mishna commentary

Translated old dusty manuscripts

A doctor trapped by destiny

Healing others in order to survive

Losing his brother, his fortune

In the darkness of the seas

Unable to accept consolation

Long caravans to Egypt

Some said that he was the last

Descendent of King David

He compiled 13 principles of faith

Concluding universally that

The purpose of the human race,

Of each woman and man,

Is to become prophets of their own fate.

Rambam était là

La maison reste seule et soupire

Dans la rue sombre de la Fez Medina

Des bassins de musique ancienne s’évaporent

La porte s’entrouvre sur un restaurant chinois

vide, deux employés marocains côte à côte

Une plaque à l’extérieur, traduite par notre guide

« Ici vivait l’érudit des temps médiévaux

Maimonides en exil de Cordoue

Rambam-Moses ben Maimon »

Transcription d’un commentaire de Mishna

Traduit d’un vieux manuscrit poussièreux

Un docteur piégé par le destin

Ayant guéri les autres pour survivre

Ayant perdu son frère, sa fortune

Dans l’obscurité des mers

Incapable d’accepter la consolation`

De longues caravanes vers l’Egypte

Certains ont dit qu’il était le dernier

Descendant du roi David

Il compila treize principes de foi

Concluant universellement que

Le but de l’espèce humaine,

De chaque femme et de chaque homme,

Est de devenir prohètes de leur propre destin.

Eye-Moon Crescent in Morocco

The eyelid of the moon just opened

The wind is never quiet in the desert

Dunes of no return, caravans not ever stopping

Where rain falls invisible leaving no trace

 

Shape shifting humps reveal a sphinx

At the edge of a hill beside the fire

As still the blind Berber quietly drums

Recalling words in a Punic language

 

The winds grow louder as one stops

Sahara silhouettes from Tuareg past

Morocco loco, windy, stormy sounds of Joujouka

Paul Bowls and Brion Gysin conducting

 

A belly dancer gyrates with snakes in her hair

The dervish circle of drummers burning the cacti

Gnawa and Maghreb beats, drums, clickety-clacks

Over the dried palm trees, crazy in their inner dazzle

 

Sand-mountains, sand-falls, the waterfalls of sand

Sliding through the hourglass funnel, skipping a millennium

As the dead are still waiting their turn

A long string of camels disappearing in the distance

Croissant d’oeil de lune au Maroc

La paupière de la lune vient de s’ouvrir

Le vent n’est jamais calme dans le désert

Dunes de non-retour, caravanes qui ne s’arrêtent jamais

Où la pluie tombe invisible ne laissant nulle trace

 

Les bosses aux formes changeantes révèlent un sphinx

Au bord d’une colline près du feu

Comme toujours le berbère aveugle doucement tambourine

Évoquant des mots d’une langue punique

 

Les vents viennent plus fort quand on s’arrête

Silhouettes sahariennes d’un passé touareg

Morocco loco, sons venteux, orageux de Joujouka

Paul Bowls et Brion Gysin en chefs d’orchestre

 

Une danseuse du ventre tournoie, des serpents dans les cheveux

Le cercle derviche des tambours brûle les cactus

Gwana et le Maghreb frappent, tambourinent et cliquètent

Au-dessus des palmiers secs, fous d’éblouissement

 

Les montagnes de sable, les cascades de sable, les cataractes de sable

Glissent dans l’entonnoir du sablier, sautent un millénaire

Comme des morts attendant encore leur tour

Une longue chaine de chameaux disparaît au loin

This poem went through me

Garibaldi is walking small dogs

In Washington Square park

Clouds searching, birds watching

I can hear myself thinking aloud

Magnolias are blooming wildly

Bleeding colors on the passing tourists

Coffee in hand, earbuds, hoodies

Cityscape breaks above like metal weeds

on the edge of an afternoon tuba shouting

from a jazz band near the fountain,

Giant soap bubbles floating through the Tarot reader

wearing a grey dunce-wizard hat, eyes closed

The black & white ghost of Andre Kertez

Jumps from the roof of a building

Overlooking the park from Fifth avenue

shooting pictures while falling through time

The shape of an angry spring wind

Blows away all my contradictions

The loneliness of a poet in a crowded park

Writing a poem escaping from his soul.

Ce poème m’a traversé

Garibaldi promène ses petits chiens

Dans le parc de Washington square

Poursuivant les nuages, observant les oiseaux

J’arrive à m’entendre penser tout haut

Les magniolias fleurissent sauvagement

Couleurs sanguinolentes sur les touristes de passage

Café à la main, oreillettes, capuche

Au-dessus le paysage urbain se brise en herbes métalliques

En bord d’après-midi quand le tuba

D’un groupe de jazz crie près de la fontaine

Des bulles de savon géantes traversent en flottant le tireur de tarot

Au bonnet de sorcier d’âne gris, aux yeux fermés

Le fantôme black&white d’André Kertez

Saute du sommet d’un building

Avec vue sur le parc depuis la cinquième avenue

Prendre des photos tout en tombant du temps

La forme d’un vent de printemps en colère

Ça efface toutes mes contradictions

La solitude d’un poète dans un parc bondé

Écrire un poème s’échappant de son âme

Valery Oistéanu
Traduction de Gilles&John