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blanche

La revue n° 55 Bureau de traduction

Bureau de traduction

When the time comes

Put a distant face to your name

– flesh-struck, curse-furrowed, demented (you choose)

Then in the vacant soul’s retina,

look at your lone visage and foretell what

your feud of a body could not

(from where its words knelt uprightly so)

Through slaughtered days and strangled dawns

(jolting nights in between)

no word nor rock for it

– the fleck of your yes-eye against a no-mouth backdrop

mere distorted painlines.

 

 

Quand le temps viendra

Mets un lointain visage à ton nom offert

– frappé de chair, sillonné par la malédiction, dément (à toi de voir)

Puis dans la rétine de l’âme absente,

vois ton visage solitaire et prédis ce que

ton corps querellé n’a su prédire

(d’où ses mots se sont ainsi agenouillés en droiture)

À travers jours massacrés et aubes étranglées

(nuits cahotantes entre les deux)

ni mot ni roc pour l’exprimer

– la petite tache de ton œil-oui sur un fond sans bouche

simples lignes-douleur déformées.

Blandine Longre
Clarities – Ed. Black Herald Press
Traduction de Gilles&John

 

COSMOGRAPHIA

We are the voice

a no-shape muted—&bound &meshed

to the entombed: relinquishing our scattered

claims to the outwards—a world: a chasm

shelled in swarms and oaths

to define the apex of solid impotence

 

We shall be: the voice the one

to hurl and to be left

to its selfless silent strides (or the sole

unearthed pretence of any sound

displaced

for absence’s sake)

 

an imagination apart,

a mind-slide to reconcile bone and bone alike

—still a mere vision afloat:

side-steps overruling

thoughtless attempts at

a form, clutching towards halshunned landscapes

(temptingly ajar though crusched into one word)—so try

our fornlorn language, its lack of an escape route

as topography melts down to

whoever may uncover mispelled

spaces failing to chart the inward truth:

when an evanescence

 

made soil

offers handfuls of too much

soul—rather than trusting

the wild wild wild

untainted pulse—the forward surge

no place shall vainly

circumscribe: the journeying essence

 

lost to the mud, cancelling

tongues—a no-voice granted

to the murky topos of the delayed mind.

 

 

COSMOGRAPHIE

Nous sommes la voix

une non-forme assourdie – & liée & maillée

aux ensevelis : abandonnant vers l’extérieur nos

diffuses prétentions – un monde : un gouffre

encoquillé d’essaims et de serments

pour définir l’apex de la solide impuissance

 

Nous serons : la voix celle

à projeter et à laisser

à ses enjambées silencieuses et sans être (ou le seul

simulacre déterré de tout bruit

déplacé

à titre d’absence)

 

à une imagination d’écart,

une glissade de l’esprit pour réconcilier os et os

– encore une simple vision à flot :

des pas de côté prévalant sur

les tentatives irréfléchies de créer

une forme, s’agrippant vers des paysages à moitié évités

(tentants, entrouverts, quoique broyés en un mot) – essayons-nous donc

à notre langue sans espoir, à son absence d’échappatoire

alors que la topographie se dissout vers

quiconque peut découvrir des espaces anorthographiés

incapables de tracer la carte de la vérité intime :

quand une évanescence

 

faite terre

offre des poignées d’un trop

d’âme – plutôt que de se fier

au furieux furieux furieux

pouls immaculé – l’afflux déferlant

qu’aucun lieu ne doit en vain

circonscrire : l’essence errante

 

dépassée par la boue, oblitérant

les langues – une non-voix octroyée

au trouble topos de l’esprit demeuré en-deçà.

Blandine Longre
Cosmographia – Ed. Black Herald Press
Traduction de Gilles&John