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La revue n° 55 Bureau de traduction

Bureau de traduction

Captive Catskill Landscape

A mysterious wingless wind hides in the hammock

Covering his scaly snake body with crimson leaves

Howling by the melancholic doors, by the windows

The scent of mountain lions, bears and deer creep in

Where old withered flowers strip themselves of petals

Soon the fallen branches will become firewood

A weightless sky bears its teeth, gusts lifts the flower pots

Putrefied brown leaves take over the musty alleys

Cylindrical disembodied tree trunks in a chaotic circle

The wind bomb hauls up shrubs and dead layers of soil

Rustling, hissing, crashing, blowing, shrieking

Chasing wailing wild boars and pine cones

Too late to reverse migratory geese that refuse

To come back toward the dead eye of the moon

Surrounded by mountains and twisted tree limbs

The forest fluttering in its cold damp dream

Shrouded, scorched with ghastly pungency

Strangely clouded, incessantly burning

Somber apocalyptic, pestilential captive fires

Blacken the corners of this unfathomable season

 

 

Paysage de Catskill en captivité

Un vent mystérieux sans ailes se cache dans le hamac

Couvrant son corps de serpent écailleux avec des feuilles pourpres

Hurlant par les portes mélancoliques, par les fenêtres

L’odeur des lions de montagne, des ours et des cerfs s’infiltre

Où les vieilles fleurs fanées se dépouillent de pétales

Bientôt les branches tombées deviendront du bois de chauffage

Un ciel en apesanteur montre ses dents, des rafales soulèvent les pots de fleurs

Des feuilles brunes putréfiées envahissent les allées moisies

Troncs d’arbres désincarnés cylindriques dans un cercle chaotique

La bombe éolienne transporte des arbustes et des couches de sol mortes

Bruissement, sifflement, s’écrase, souffle, hurle

Chasse les sangliers sauvages et les pommes de pin

Trop tard pour renverser les oies migratrices qui refusent

De revenir vers l’œil mort de la lune

Entouré de montagnes et de branches d’arbres tordues

La forêt flottant dans son rêve froid et humide

Enveloppé, brûlé d’un horrible piquant

Étrangement obscurci, brûlant sans cesse

Sombres incendies captifs apocalyptiques et pestilentiels

Noircissez les coins de cette saison insondable

Valery Oistéanu
Traduction de Gilles&John

 

The Poet Writes no Matter What

A poet in the eye of a super-storm

In total darkness, reading by candle light

Writing near the edge of the roof

With a miners head-light on his forehead

On the side of a boat, with a gas-lamp

Beneath a bridge, next to a bonfire

He makes peace with the hurricanes

He calms the storms in the sea

Seeking the transparence of tigers at midnight

Making mushrooms grow under his pillow

While fungus creeps up and around the wall

A tsunami of meteorite showers in his heart

Clearly confused, with poems in his soul

Even when the sun bites and the cold hurts

When petrified clouds bend the light

Free of words, but a slave to feelings

Setting night birds and lovers on fire

Self-punishment, self-deprecation

The poetry’s brew is poisonous at times

Sleep-deprivation, speech-depravation

Can kill with irrational melancholia

Erecting temples of repressed memory

In the solitude, alone in front of death

Torn inside, scribbling imaginary sex

Stenciling slogans on a protester’s tent

He remembers verses in the back of an ambulance car

Recording it as if in solitary confinement

Suicide’s final draft, in total silence

To die alone and stay immortal

The poet must write no matter what,

Even in death....

 

 

Le poète écrit peu importe quoi

Poète dans l’œil d’une super-tempête

Dans l’obscurité totale, lisant à la lumière des bougies

Écrivant près du bord du toit

Avec une lampe de mineur sur le front

Sur le côté d’un bateau, avec une lampe à gaz

Sous un pont, à côté d’un feu de joie

Il fait la paix avec les ouragans

Il calme les tempêtes dans l’océan

A la recherche de la transparence des tigres à minuit

Faisant pousser des champignons sous son oreiller

Alors que les champignons rampent autour du mur

Un tsunami d’averses de météorites dans son cœur

Clairement confus, avec des poèmes dans son âme

Même quand le soleil mord et que le froid fait mal

Quand les nuages pétrifiés plient la lumière

Libre de mots, mais esclave des sentiments

Mettant le feu aux oiseaux nocturnes et aux amoureux

Auto-punition, auto-dépréciation

Le breuvage de la poésie est parfois toxique

Privation de sommeil, dépravation de la parole

Peut tuer avec une mélancolie irrationnelle

Érigeant les temples de la mémoire refoulée

Dans la solitude, seul devant la mort

Déchiré à l’intérieur, griffonnant du sexe imaginaire

Des slogans au pochoir sur la tente d’un manifestant

Il se souvient d’un vers à l’arrière d’une voiture d’ambulance

L’enregistrant comme à l’isolement

Projet final de Suicide, dans un silence total

Mourir seul et rester immortel

Le poète doit écrire quoi qu’il arrive,

Même dans la mort....

Valery Oistéanu
Traduction de Gilles&John