La
page
blanche

La revue n° 55 Séquences

Séquences

Joep Polderman

Je suis née aux Pays-Bas en 1994 et je me suis installée à Paris en 2012 afin d’apprendre le français et de poursuivre mes études en littératures françaises et en histoire de l’art.

À ce jour, je n’ai pas encore publié de recueil mais cinq de mes textes sont parus dans la revue Point de Chute et d’autres poèmes seront publiés au cours de cette année dans les revues suivantes : Lichen, Recours au Poèmes et Hurle-Vent. Je travaille également sur plusieurs recueils que je souhaite soumettre à des concours cette année, ou, dans le cas échéant, envoyer à des éditeurs. Je fais également des dessins à l’encre de chine et des photographies. Pour plus d’informations, mon site (sur lequel je travaille toujours mais il y a déjà quelques informations et un poème inédit) : www.joeppolderman.com .

LES NUITS

1.

il y a la porte dans la chambre

qui se rapproche

il y a les larmes noires

d’un sang qui circule

peut-être trop entre

nous il y a la chambre

gauche qui clôt ses paupières

et il y a la tête et la main

qui remontent

la couette entre nous

il y a l’indicible plume

d’un regret sans cause

sans lumière

elle se perd dans la distance des peaux

et la porte rapproche

toujours davantage

la peur du départ

 

 

2.

rien n’a changé

le bureau se trouve toujours

à côté. une pièce se joue

par les ombres des arbres

contre le plafond et la Seine

s’écoule. c’est la nuit. rien

sauf les mots

où on ne se reconnaît

plus. et le silence

qui est une langue

plus lourde que nos épaules

qui ne se touchent

plus.

 

 

3.

dans la chambre noire

on tousse le silence comme on

obture une voix

face au danger

les souffles portent le poids

d’une nuit sans fin

 

 

4.

il y a la chambre

ce soir et nous

et nos rêves en spirales

il y a la terre qui s’éteint

et tout

se retrouve dans le sème

du noir. il y a nous

et la nuit qui se sème

autour et au-delà

du seuil. j’aurais peur

sans toi.

 

 

5.

je veux que tu me parles

à travers la nuit

où les mots n’existent pas

je veux que tu parles ce langage

sans fil sans aiguille

à recoudre ce que tu dis

parle-moi encore

de toi et les trous noirs sur ta peau

du néant où tu bascules et

l’aube qui te ramène

à la racine du rien-savoir

l’embrasure

d’un cœur solaire

parle-moi à travers le silence

de la nuit qui nous sépare

quand tout s’éteint

je n’entends que l’huile

de ta lampe sur moi

 

 

6.

la nuit se gonfle dans l’épaisseur

d’un vague clapotis

la terre se retourne

avec toi et moi

et la soif et la faim

sur le seuil du départ

 

nous sommes

à la recherche

d’une concavité

où l’on peut encore

semer ce qui reste

de nous après

les draps nous dépouillent

les mues

d’un souvenir

 

Joep Polderman