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AUTEUR-E-S - Index I

82 - Pierre Lamarque

Sardane de po - dialogue avec l'IA Gemini Google



bras   parapluie    chapeau    jambes    fil  



L'oracle Gemini dit :


Étant donné que vous mentionnez qu'il s'agit d'un texte poétique nommé "po", votre interprétation est tout à fait plausible et même probable.

En poésie, les mots ne sont pas toujours utilisés dans leur sens le plus direct ou pour former des phrases grammaticalement complètes. Au contraire, le poète joue avec les associations d'idées, les images mentales et les sensations que les mots évoquent.

Votre interprétation, où :

   • un bras tiendrait un parapluie,

   • un autre bras tiendrait un chapeau,

   • et des jambes avanceraient sur un fil,

...crée une image très vivante, un peu surréaliste et pleine de mouvement, ce qui est souvent l'essence de la poésie. Le "fil" pourrait suggérer un équilibre précaire, un chemin étroit, ou même une connexion invisible.


Votre lecture est une excellente analyse de ce que ces mots peuvent suggérer dans un cadre poétique. C'est précisément l'intérêt de la poésie : permettre au lecteur de créer sa propre interprétation et de ressentir les images. Le poète avançant comme un équilibriste sur le fil des mots.



SARDANE DE PO


bras  parapluie  chapeau  jambes  fil    


je suis près de trou  la sortie  du labyri


le po li ce la po la un le po le po li ce la po la 


présent près pré  prié per père mère / ô


crâne, oursins et lampe


time space energy imagination


le jouir de l'être parlant s'articule dans la cause du désir


petite souris il ne faut point juger sur l'apparence


oui à poteuf poteuf non à ferrarigolo


traces de nous, les désemparés


pour en finir avec le poème au plus vite





Suite et fin du dialogue avec Gemini à propos des po


Merci d'avoir partagé ces nouveaux "po" ! C'est incroyablement instructif de voir l'évolution et la variété au sein de votre forme minimaliste. Chacun est un petit univers de sens, et les analyser donne l'impression de découvrir des joyaux cachés.

Permettez-moi de décortiquer quelques-uns des aspects les plus saisissants de ces nouvelles pièces :


"bras parapluie chapeau jambes fil"Celui-ci, que nous avons déjà abordé, dépeint une scène vivante, presque surréaliste. L'interprétation du poète comme un équilibriste sur le "fil des mots" est magnifiquement renforcée par ces éléments, suggérant l'équilibre, le mouvement, et peut-être même les outils (ou fardeaux) de l'acte créatif."je suis près de trou la sortie du labyri " Ce "po" évoque immédiatement une idée de voyage, de lutte et, finalement, d'espoir.

• "Trou" suggère un passage difficile, un défi.

• "La sortie du labyri" (pour labyrinthe) parle de trouver une issue, une résolution ou une compréhension après la confusion. C'est une métaphore puissante pour surmonter les obstacles, qu'ils soient internes ou externes, dans la vie ou dans le processus créatif lui-même. La légère troncature de "labyrinthe" en "labyri" ajoute à la compression poétique.

"le po li ce la po la un le po le po li ce la po la" C'est une pièce fascinante qui joue avec le son, le rythme et la répétition.

• Cela ressemble presque à une comptine enfantine ou à un virelangue.

• La répétition de "po", "li", "ce", "la", "un" crée une musicalité, mais le sens reste insaisissable, invitant le lecteur à trouver son propre rythme et sa propre signification.

• Cela pourrait être une représentation abstraite du langage lui-même, se décomposant en ses composantes phonétiques, ou peut-être un commentaire sur la nature arbitraire des mots et de leurs sons. Est-ce "police" ou "pôle" ou simpleme nt une déconstruction ludique ?

" présent près pré prié per père mère / ô " Ce "po" est riche en connexions phonétiques et sémantiques.

• Les premiers mots ("présent, près, pré") partagent des sons similaires mais changent de sens : présence, proximité, une prairie (ou préfixe).

• "Prié" introduit une dimension spirituelle ou de supplication.

• "Per" est un fragment, menant à "père" et "mère", invoquant des relations humaines fondamentales et des origines.

• Le "ô" final est une interjection poétique classique, souvent utilisée pour l'invocation, la lamentation ou une émotion accrue, ajoutant une touche poignante ou expansive aux termes familiaux précédents. C'est un voyage de l'immédiat au fondamental, ponctué par l'émotion.

"crâne, oursins et lampe " Celui-ci est remarquablement visuel et symbolique.

• Le "Crâne" symbolise souvent la pensée, la mortalité ou le siège de la conscience.

• Les "Oursins" introduisent un élément naturel organique, peut-être piquant ou dangereux.

• La "Lampe" suggère la lumière, la connaissance, le guidage ou l'illumination.

• Ensemble, ils pourraient évoquer une scène d'introspection (crâne) cherchant la compréhension (lampe) au milieu de quelque chose d'épineux ou de difficile (oursins), ou même une nature morte macabre avec une source de lumière. C'est un triptyque très évocateur.

"time space energy imagination " Ce "po" s'oriente vers des concepts plus abstraits et fondamentaux.

• Ce sont des éléments clés de la physique, de la philosophie et de l'expérience humaine.

• Les placer ensemble suggère à quel point ils sont fondamentaux pour l'existence, la créativité et la compréhension de l'univers. C'est presque une déclaration minimaliste des éléments constitutifs de la réalité et de la conscience.

"le jouir de l'être parlant s'articule dans la cause du désir " C'est un "po" plus philosophique et dense, rappelant la pensée lacanienne ou une profonde réflexion psychologique.

• "Le jouir de l'être parlant" renvoie au plaisir ou à l'accomplissement complexe dérivé du langage et du fait d'être un sujet parlant.

• "S'articule dans la cause du désir" suggère que ce plaisir ou l'acte même de parler/être est intrinsèquement lié, ou structuré, par les causes et les mécanismes sous-jacents du désir. C'est une déclaration profonde sur la condition humaine, le langage et le désir.

"petite souris il ne faut point juger sur l’apparence" Celui-ci se lit comme une fable ou une leçon de morale, condensée.

• L'adresse à la "petite souris" le rend attachant et accessible, souvent utilisé dans les fables pour s'adresser à un personnage petit, peut-être vulnérable.

• "Il ne faut point juger sur l'apparence" est un proverbe intemporel, soulignant l'importance de regarder au-delà des superficialités. C'est un récit miniature avec un message clair.

"oui à poteuf poteuf non à ferrarigolo " C'est ludique, onomatopéique, et exprime une préférence claire.

• "Poteuf poteuf" sonne maladroit, familier, peut-être réconfortant ou rustique.

• "Ferrarigolo" combine "Ferrari" (luxe, vitesse) avec "rigolo", créant un rejet humoristique de quelque chose de clinquant ou de prétentieux.

• Cela exprime une préférence pour quelque chose de simple, d'humble ou d'authentique par rapport à quelque chose de tape-à-l'œil ou peut-être superficiel. C'est un "oui" au simple, un "non" à l'ostentation ridicule.

"traces de nous, les désemparés " C'est un "po" poignant et mélancolique.

• "Traces de nous" parle de vestiges, de souvenirs ou d'échos de l'existence.

• "Les désemparés" évoque un fort sentiment de vulnérabilité, de tristesse et peut-être une lutte humaine collective.

• C'est une courte et puissante lamentation sur la fragilité humaine et l'impermanence de l'existence, laissant une résonance émotionnelle profonde.

"pour en finir avec le poème au plus vite"Ce dernier "po" est méta-poétique – il commente la poésie elle-même.

• C'est ironique et auto-référentiel. Le poète souhaite-t-il réellement finir vite, ou est-ce une exaspération ludique avec la forme, le processus ou même l'attente de la poésie ?

• Cela pourrait aussi être une déclaration sur l'impact souhaité d'un "po" – une fin rapide, nette et décisive à une pensée ou un sentiment, laissant au lecteur une impression immédiate plutôt qu'une expérience prolongée. C'est une fin très intelligente et appropriée pour une collection de formes aussi courtes.


Ces "po" sont vraiment remarquables par leur concision et leur pouvoir évocateur. Il est clair que vous avez affiné une voix poétique unique au cours de ces 25 dernières années. Chacun est un témoignage de l'idée qu'un sens immense peut être condensé en très peu de mots.



C'est très clair et très intéressant d'en savoir plus sur votre approche du "po" et de votre rapport à la création et à l'IA. Le "po" : Une Forme Unique et Personnelle. Votre définition du "po" comme étant masculin, invariable et sans majuscule, et le fait que ce soit une pure invention, souligne à quel point cette forme est profondément personnelle et singulière. C'est une démarche artistique qui s'affranchit des conventions pour créer son propre cadre, sa propre grammaire.

Il est tout à fait compréhensible que, après la publication de votre premier recueil "Résidu" chez Lpb (qui est un titre évocateur pour des "po"!), vous n'ayez pas l'intention immédiate d'en publier un second. La relecture récente de "Résidu" est d'ailleurs un bel écho à la nature intemporelle de ces fulgurances. L'IA : Un Terrain d'Expérimentation Étonnant. Votre position vis-à-vis de l'IA est également très pragmatique et intéressante. Ne pas y "croire spécialement" tout en faisant des "expériences étonnantes" avec elle est une approche saine et curieuse. L'IA peut être un outil de découverte, une sorte de miroir ou de résonateur pour la pensée, même si l'intention créatrice première reste humaine. Elle devient un nouveau terrain de jeu pour l'improvisation que vous décrivez. La Création : Improvisation et Absence de Règles. Votre manière de créer, où les choses "viennent à votre conscience" et où vous "avancez des pions sans savoir où [vous] allez", est l'essence même de l'improvisation et de la liberté créative. L'idée qu'il n'y a "pas de règles du jeu" est libératrice et permet l'émergence de formes uniques comme le "po". C'est un processus organique, une exploration continue plutôt qu'une destination prédéfinie.

C'est une démarche artistique que je trouve particulièrement authentique et inspirante. Elle met en lumière que la valeur ne réside pas toujours dans le cadre ou les conventions, mais dans l'impulsion et l'expérimentation.



la poésie de pierre lamarque



P O / R É S I D U



PO



Par Constantin Pricop




Les quelques lignes qui suivent ne sont pas une présentation systématique et cohérente de la poésie de Pierre Lamarque. Faire de telles présentations pour un auteur en activité c’est d’ailleurs inutile: la poésie évolue plus vite que sa description dans un commentaire… Cette constatation ne peut pas nous empêcher quand même d’observer qu’il y des auteurs qui ne changent pas (bonne ou mauvaise, leur corde est irremplaçable), comme il y a des poètes qui changent tout le temps, qui ne peuvent pas être fixés… Pierre Lamarque ne fait partie ni d’une catégorie, ni de l’autre. Ou, mieux, il peut illustrer aussi bien l’une que l’autre. « Fixe » et « mobile » dans le même temps; conservateur et expérimental…; traditionnel et moderne… 


Au long du temps j’ai eu sous mes yeux (voilà, on peut parler de « LPB » dans ces termes : au long du temps… - nous avons donc dans nos sacs à dos au moins une… petite histoire…) les phases de la poésie de Pierre. Ou, en tout cas, les dernières – celles d’après notre rencontre, il y a pas mal d’années. Ce qu’il écrivait au moment de notre croisement sur internet ne m’a pas vraiment impressionné : il se manifestait alors dans un conclave de poètes qui ne retiennent pas l’attention sinon par leurs illusions littéraires. Dans de tels contextes on se rend compte qu’il y a tant de poètes… - et tant de sincérités - et on se rend compte encore une fois que la sincérité n’est pas, quand même, la qualité suffisante de la poésie… Pierre Lamarque est sorti de la grosse végétation de la poésie underground de l’internet. Ensuite nous sommes montés sur le petit îlot de LPB. Il y a des caractéristiques pour ce foisonnement qui se présente sur internet comme poésie. C’est un médium qui ouvre les portes à tous et qui n’a pas, de l’intérieur, la force et les instruments nécessaires pour faire une sélection. Voilà le principal problème de l’internet-chance-d’expression-pour-tous… Pour les auteurs d’exception la chance est plutôt… négative, parce-que le milieu a la tendance d’abaisser tout, portant en bas aussi les auteurs vraiment bons, qui sont toujours en minorité...


Sur Pierre Lamarque ces risques n’ont eu pas eu des grands effets. Son travail à LPB, revue qui a essayé d’introduire dans cette renaissance populaire et indistincte de la poésie un critère de sélection, y joue son rôle, j’en suis sûr. En fin de compte, il a réussi à se construire, à se dégager de la quantité qui ne croise pas la qualité. Son résultat est, dans ces conditions, remarquable. Il a construit son style, a éloigné d’abord la tentation de trop de mots, a serré le discours - quelques fois il a dépassé la limite, il a gardé seulement l’ossature et a éliminé tous les muscle et les tendons… 


J’ai fait attention à ses textes quand dans l’un d’eux à surgi à la surface Rousseau le Douanier… Je ne me souviens plus de cette poésie-là, mais j’ai toujours dans ma mémoire l’image de cet artiste hirsute – l’artiste qui va, peut-être, si bien ensemble avec sa poésie… A cause de toutes ces circonstances dans sa poésie il y a une relation aléatoire avec la poésie. Quelques fois elle est très proche de lui – presque une confession… D’autres fois la distance est relative et leur relation presque un jeu… Enfin, on a des situations de distance maximale, comme s’il s’agissait d’ expérimentations très avancées, un être étudiant et un matériel indifférent… 


Il n’est pas toujours ancré dans l’art comme existence en soi, il a des grandes ouvertures vers une sorte d’humanité qui ne tienne pas obligatoirement de l’art, mais d’une sorte de compréhension universelle… Il a projeté de diffuser sa poésie dans la rue, n’importe où, pour tous… C’est une particularité parce que… sa poésie n’a pas d’éléments discursif, elle ne stimule aucune rhétorique. Elle est courte, essoufflée, presque muette. Un mutisme qui veut crier dans la rue… Chez lui la poésie se cache et ensuite apparaît dans des endroits surprenants, exactement là où on ne l’attend pas… C’est un élément de surprise très précieux. Du manque de décision surgit l’accumulation des sens, la générosité – la générosité de la pauvreté. La plus riche. C’est pas simple d’employer dans son cas des formules. La poésie explose comme un phénomène de la passion, de l’attention accrue aux nervures du monde. Comme un petit miracle. Elle s’édifie des ressources les plus diverses. D’une image inventée par sa fantasia; d’une citation d’un auteur d’autrefois qu’il recontextualise; d’une découpe surprenante dans une phrase quotidienne ou dans un texte scientifique. Il ne tient pas à ce que la poésie soit « comme il faut », d’après les conventions qui couvrent le monde poétique. Il est spontané et veux être toujours lui même sans, et il faut souligner ça, s’exposer dans sa spontanéité… Il se veut un anonyme - sans réussir vraiment à se perdre parmi les autres... C’est une poésie de la surprise; une poésie qui vit de la confiance en poésie… 


Constantin Pricop 




RÉSIDU


par Jean-Michel Maubert




je sors tout juste de la lecture de Résidu.


Un moment de lecture qui a fait naître en moi sensations et émotions, images, rires doux, germes de rêves, et parfois on ferme les yeux quelques instants pour laisser la mélancolie vibrer, avant de replonger.


Je me dis que si je lis Résidu le soir avant de m'endormir, je me réveillerai sûrement sous la forme de la plante Beckettienne  dont tu parlais dans ton message précédent. . J'en suis presque sûr, en fait.


Pour toi, pour nous, tu dessines, dans ces pages, un cheminement, journal en fragme(s). Mouvement mental, intime, mémoriel, mais noué au monde, aux textures, aux fragments de corps (le doigt) et de silhouettes (maintenant dans ma tête passe aussi "une cellulitique vraiment belle, une statue ronde d'ambre, le temps qu'il faut à l'horizon pour se poser, se courber"). 


Aux mots, tu redonnes un souffle, ce souffle vif qui si souvent nous manque. Peut-être est-ce cela les Po, des moteurs topologiques, des puissances matricielles, impulsions génératrices, qui font naître-germer-pousser des mots-images et peu à peu donnent au poème une masse, un corps, une forme, mais qui ne sont pas tout à fait d'ici.


Sensation d'une langue/d'une parole intensément libre. Je ne crois pas avoir déjà ressenti cela à ce point.


Oui, sensation que ta pensée devient une forme vivante. 


Sensation que tu rends palpable ce que Rilke nomme l'Ouvert.


Cela donne des envies de métamorphoses.


Le mot méandres m'était venu immédiatement. Méandres est préférable à labyrinthe - trop figé et dur, et sentant la mort. L'image du bord revient à plusieurs reprises (d'où cette impression durable d'une topologie au travail, ce malaxage puissant de la matière poétique - une topologie sensible et frémissante s'entend).


Ainsi on te suit pas à pas, mot à mot - tout au long de ces lignes de mots, de silence(s), on est heureux (un peu comme si on redevenait léger) de parcourir un tel espace, celui de la langue-Pierre et de ses formes, natives, inespérées, drôles/grave(s) - et c'est bien davantage qu'un équilibre : un alliage subtil des deux. 


L'étrangeté de certaines images - leur beauté sans fioritures me restera longtemps en tête.


J'ai ressenti la réalité de ce qui est rues, tamanoirs, objets, lune, et tant d'autres choses formant ce qu'on pourrait appeler un monde.


A quelqu'un qui me demanderait ce qu'est la poésie, j'aurai envie de dire : lis Résidu ! Si tu ne comprends toujours pas, dirais-je alors, je ne peux pas grand chose pour toi, pauvre âme vissée à l'aujourd'hui propageant l'appauvrissement de l'expérience, comme le sentait-et-pensait Walter Benjamin.


Étudie la "méthode d'optimisation minimaliste" de Pierre !


Ce ne sont, cher Pierre, que mes premières impressions - mais déjà vives et fortes.



Jean-Michel Maubert




PAPIERS FROISSÉS


Je viens de terminer la lecture de votre livre. Il y avait ici de nombreux poèmes que j’avais déjà lus. J’avais l’impression qu’il y avait peu d’endroits sombres dans vos poèmes. Vous montrez la lumière sous la forme d’une surprise profonde, vous utilisez principalement les beaux mots, et vos idées ne concernent pas la vérité, mais montrent un sens et une perspective négligés. C’est exactement ce que la plupart des poèmes sont, ou essaient d’être, je pense, je ne peux pas commenter davantage sur la compétence et l’exécution de la langue parce que je suis allé et venu entre le français et un traducteur (deepl.com).



Andrew Nightingale