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Christophe Tostain - extrait de Dérives
Note de lecture
La prose jusqu'ici musicale du compositeur s'interrompt brusquement sur cette note :
-- J’ai passé mon enfance enfermé dans une tombe.
Et le filet de voix continue ainsi :
-- J’ai la bouche engourdie. Mes mots sont comme des papillons sans ailes. Invisibles. À peine audibles.
Et soudain on entend un cri :
- Je vais me finir de chez finir.
Plus loin le soleil :
-- Le soleil change la dimension des escaliers. Une jeune fille pleure sur les marches bleues. Le ciel a perdu le silence des nuages. Une flaque d’eau s’étire dans l’ombre du mur. Je ne sais pas où poser mon regard.
Puis l’ambiance change :
-- Routes crevées. Robe blanche retenue par une branche. Pare-brise en éclat.
Chat famélique lapant une flaque.
Camions calcinés. Murs troués. Remorques retournées. Vitres éclatées. Oiseau virevoltant. Vent soulevant poussière en éclat de nuage.
Ainsi plus loin :
- Alala j’habite un sac plastique
Encore un peu plus loin :
- Blanche Neige est en promotion dans les rayons surgelés.
Et voilà que :
-- Vous voyez ce que je veux dire. C’est vous qui voyez. Vous vous souvenez.
Et la marche reprend :
-- Je marche vite comme eux se jettent sous leurs draps synthétiques pour fuir la vie jetable. Je marche.
Fantaisies à la dérive
Je comprends que le je soit un autre car c’est mon cas : quand j’ai lu Dérives de Christophe Tostain la première fois je n’étais pas tout à fait celui que je suis ce soir… je me demande si un bon livre ne suffit pas à me faire devenir autre que j’étais avant de le lire et, dans le cas de Dérives, avant de le relire, en fait avant de le lire dans une dimension plus étendue, plus profonde, plus émouvante que lors de la première lecture …
Il y a un rythme particulier dans son espace poétique, avec bientôt des surprises imaginatives ou verbales, avec un regard critique sur nos sociétés, avec une sorte de philosophie personnelle qui se communique petit à petit, avec surtout de la fantaisie …
PL